Le Totem de la Borne est heureux de vous inviter à découvrir l’exposition collective, “Trace“.
Dans cette édition 2025, l’exposition met en lumière le dialogue subtil entre l’empreinte et la mémoire, entre la matière et le temps. Les artistes invités interrogent la « trace » sous deux angles complémentaires : la trace littérale, laissée par l’empreinte des mains, des outils, des flammes ou encore des gestes créateurs. Cette dimension matérielle fait écho à la façon dont la céramique, par ses formes et ses textures, devient le témoin tangible d’un processus, d’un instant figé dans l’argile et la chaleur.
Mais la trace ne se limite pas à l’empreinte physique. Elle s’étend à une dimension plus poétique, celle de la mémoire et du temps. Les œuvres présentes dans cette exposition nous invitent à réfléchir à la trace invisible, celle que l’on laisse derrière soi, que l’on porte en nous et qui se déploie à travers l’art, la mémoire collective et la mémoire individuelle. C’est cette présence discrète, mais persistante, qui traverse les générations et qui façonne notre relation au passé.
Chaque œuvre, qu’elle soit modelée dans la terre ou peinte sur une toile, devient une exploration intime de ce que nous laissons et de ce que nous recevons en retour. Une invitation à ressentir, à contempler et à méditer sur la manière dont les traces du passé se tissent dans le présent et perdurent dans le futur.
Vernissage le 4 avril à 18H

JUDITH BOUT-COMMEAU
Quand bien même une céramique n’est pas conçue pour servir, pour être utilitaire ce qui est le cas des sculptures de Judith Bout-Commeau, elle continue de s’organiser autour du vide sous peine d’exploser au four. Mais comment faire de ce vide un plein qui s’équilibre ? Judith s’étonne encore de notre capacité à nous tenir droit depuis cette base fragile que sont nos deux pieds. Elle explore cette tension entre stabilité et vacillement à travers des pièces dont les points d’appui se réduisent au fil des expériences.
Judith craint la perfection artisanale qui ôte souvent ce je-ne-sais-quoi qui fait la chaleur du vivant. Car ce qu’elle cherche à transmettre est la jubilation charnelle qu’elle éprouve à travailler la terre à mains nues. Avec le sérieux de l’enfant qui joue, elle cherche à repérer des formes qui racontent la tiédeur des bras dans laquelle on enfouit un chagrin ou encore l’ivresse de retrouver intact un désir qu’on pensait avoir perdu.
Dans sa pratique se conjuguent toutes les vies précédentes de Judith: l’univers esthétique de la Chine, dont elle parle et écrit la langue; le goût pour la recherche ; et enfin l’habitude de triturer la matière, autrefois les mots, désormais la terre exclusivement.

GREGOIRE LEMAIRE
Grégoire Lemaire s’émerveille du grès marqué par les flammes, les pyrites qui dessinent des constellations, les cendres qui cristallisent comme le quartz, le céladon qui dessine des rivières de jade et d’aigue-marine. Autodidacte, il n’a connu que l’école de l’empirisme, de la recherche solitaire, de l’apprentissage par l’erreur. Sur ces formes qui flirtent avec les archétypes d’un art millénaire, Grégoire grave des lignes, comme des scarifications. Coupe, griffe, creuse à l’aide de petits outils bricolés. Des jeux de lignes apparaissent, des motifs répétitifs qui marquent un rythme régulier qu’il ponctue de cercles et de points crée une harmonie entre rythmes et syncopes. Ainsi chaque pot trouve sa mélodie.

CLEMENT PETIBON
Le céramiste Clément Petibon, fortement imprégné par la nature, explore l’art processuel pour capturer l’effet du temps et la force des paysages. Sa série Héritage(s) examine la relation de l’Homme à son environnement à travers un cycle de construction, destruction et création, s’inspirant des objets domestiques comme symboles de mémoire collective.
Pour créer ses sculptures, Clément Petibon utilise des terres mêlées en grès et porcelaine colorés. Le chalumeau altère leurs surfaces, révélant des strates géologiques évoquant l’érosion. Ses œuvres, semblables à des fragments archéologiques, témoignent d’un passé qui éclaire notre identité actuelle.

JUDITH LASRY
Judith Lasry vit et travaille en Puisaye depuis sept ans, dans un endroit où prendre le temps de l’expérimentation est primordial. Autodidacte, le modelage est sa technique de prédilection depuis les débuts pour monter, taper, gratter, pincer le grès, ce qui donne toujours un mouvement dans ses pièces, selon l’énergie présente. Dans son processus, rien n’est jamais trop figé ni défini à l’avance. Les céramiques ont ce pouvoir de réveiller nos souvenirs, en écho avec nos propres marques, ainsi Judith crée dans un geste brut et simple des pièces sincères qu’elle souhaite les plus vibrantes et réconfortantes possible.

ELISE POIVET
Elise Poivet, plus connue sous le nom de la maladresse, s’est formée et reconvertie il y a environ 5 ans à la poterie. Sa rencontre avec la terre lui permet aujourd’hui d’imaginer et de concevoir des pièces utilitaires en grès et en porcelaine. La jeune créatrice souhaite que ses objets « fassent partie du quotidien » de leurs possesseurs. Elise Poivet a décidé d’intituler son atelier « la maladresse ». Un terme poétique qui reflète bien ses créations : « J’ai tendance à être parfois trop perfectionniste mais le fait de, parfois, lâcher prise et de se laisser aller, peut nous amener à des pièces très touchantes. Laisser faire la maladresse et l’accident peut permettre defaire émerger la poésie » Si Elise Poivet a choisi la terre, c’est parce que c’est une des seules matières qui permet à l’artisan d’avoir un contact direct avec elle. C’est aussi ce qui permet à la créatrice de façonner ses pièces de manière spontanée. D’ailleurs, elle a comme adage une citation de l’artiste Pierre Soulages : « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ».

CHRISTIAN PERRIER
Christian Perrier peint l’écorce, la trace, les sols sédimentaires, les ravinements, les effondrements. Il peint les accidents de parcours, les ratages, les biffures infimes, les blessures intimes. Ignorées, enfouies, les surfaces scarifiées. Il peint le fugace et le dérisoire, l’indigne de foi, le rebuté. Mais la lumière, mais la terre caressée , mais le petit matin qui miment l’éternité.
