Janet Stedman

(1945-1987) 

Depuis sa formation à l’Harrow Art School à Londres, Janet a montré sa détermination et sa capacité à travailler et tourner la terre avec un esprit libre. Son art et sa pratique sont intrinsèquement liés à la matière. Janet quitte son pays et traverse la Manche pour rejoindre les ateliers Digan-Grès en juin 1967. Elle apprend vite et devient rapidement la manager des équipes de tournage . Elle forme les employés et les stagiaires. Elle sait instaurer une véritable cohésion dans son équipe et impose le traditionnel ‘tea time’ de 17h à tout le monde. C’est un moment d’échange, de cohésion et de discussion qui devient rapidement une habitude pour l’équipe. Son enthousiasme et son investissement participent à l’agrandissement de l’atelier qui finira par employer cinquante potiers. 

Après des années d’exécutions des pièces en grès pour l’entreprise Digan-Grès, Janet décide de s’émanciper pour commencer la création de ses oeuvres. Elle s’installe alors dans un atelier à la Borne de l’autre coté de la route, face à ses anciens quartiers de travail en 1976 dans l’actuel Totem. Son intention est de combiner la tradition du tournage, les fonctions des pièces et l’expression personnelle. Dès lors elle dessine régulièrement sur ses carnets pour développer son trait. Elle s’inspire de la nature et des animaux qui l’entourent. Elle décore les plats d’un répertoire bestiaire à l’aide d’une poire et d’oxydes allant du bleu gris au brun sous un email laiteux blanc. Enfin, les modelages qui composent ses poteries sont de véritables sculptures autonomes qui agrémentent les vinaigriers, les tuiles faîtières ou encore les soupières et plats à terrine. Elle est également reconnue pour sa facilité à tourner de grandes jarres.

En 1979, Janet entreprend une cuisson importante de grosses pièces dans un four communal traditionnel, le four Foucher-Bernon. Aidée par Michel Pastore et Evelyne Porret, elle souhaite approfondir son rapport au tournage et à la cuisson traditionnelle. Elle veut retrouver les techniques ancestrales de ces grosses cuissons.

En 1980, Janet Stedman et Dominique Garet aménagent une grange où se trouve un four à bois de Sèvres de 3m3. Ils feront huit cuissons en un an. C’est alors qu’une exposition ‘Les Bleus de Janet’, résultats de ces cuissons, est organisée à la galerie “La Tuile à Loup” à Paris. Elle développe également une série d’épis de faitage. Une partie de cette production sera exposée lors du festival “La céramique sur les toits” à Treigny. Elle exécute des tuiles sur le thème du retour de marché et des épis avec des chats ou des oiseaux. En 1984, ils réitèrent l’expérience et investissent le four communal.

En 1987, Janet se lance dans une série d’œuvres colorées grâce à des colorants industriels rapportés d’Angleterre. Cette production d’avant-garde est exposée à l’occasion de l’exposition “le pot et le vin” organisée par Jacques Hadorn et Catherine Vanier. Pour la première fois, Janet rompt avec la tradition et pousse les limites de la céramique. Elle cuit des produits inconnus et crée une céramique d’expression personnelle. Mais cette première série n’a pas rencontré le succès espéré. Les collectionneurs recherchaient les fameux bleus.