Pour cette nouvelle exposition, le Totem invite des artistes céramistes qui dans leur proposition questionne la notion de « trace ». Celle littérale, laissé par leur empreinte, leurs mains, leurs outils ou les flammes. Et celle plus poétique qui invite a explorer la trace comme mémoire, celle que l’on laisse derrière nous, qui s’inscrit dans le temps.
Vernissage le 4 avril à 18H
JUDITH BOUT-COMMEAU
Quand bien même une céramique n’est pas conçue pour servir, pour être utilitaire ce qui est le cas des sculptures de Judith Bout, elle continue de s’organiser autour de creux sous peine d’exploser au four. Judith craint la perfection artisanale qui ôte souvent ce je-ne-sais-quoi qui fait la chaleur du vivant. Car ce qu’elle cherche à transmettre est la jubilation charnelle qu’elle éprouve à travailler la terre à mains nues. Avec le sérieux de l’enfant qui joue, elle cherche à repérer des formes qui racontent la tiédeur des bras dans laquelle on enfouit un chagrin ou encore l’ivresse de retrouver intact un désir qu’on pensait avoir perdu. Dans sa pratique se conjuguent toutes les vies précédentes de Judith: l’univers esthétique de la Chine, dont elle parle la langue; le goût pour la recherche et l’expérimentation ; et enfin l’habitude de triturer la matière, autrefois les mots, désormais la terre exclusivement.
GREGOIRE LEMAIRE
Grégoire Lemaire n’émerveille du grès marqué par les flammes, les pyrites qui dessinent des constellations, les cendres qui cristallisent comme le quartz, le céladon qui dessine des rivières de jade et d’aigue-marine. Autodidacte, il n’a connu que l’école de l’empirisme, de la recherche solitaire, de l’apprentissage par l’erreur. Sur ces formes qui flirtent avec les archétypes d’un art millénaire, Grégoire grave des lignes, comme des scarifications. Coupe, griffe, creuse à l’aide de petits outils bricolés. Des jeux de lignes apparaissent, des motifs répétitifs qui marquent un rythme régulier qu’il ponctue de cercles et de points crée une harmonie entre rythmes et syncopes. Ainsi chaque pot trouve sa mélodie.
CLEMENT PETIBON
La surface de la terre est décrépie, broyée. Tantôt douce puis saillante elle exprime la sensualité d’un moment précieux, alors qu’un instant plus tard elle gronde, se déchaîne. C’est un séisme. La terre s’éventre pour faire jaillir l’expression d’un sentiment bien trop fort puis laisse la place à une ouverture, un espace de lumière apaisé. Clément Petitbon questionne son apprentissage technique en activant la matière par la destruction. Le délabrement est avant tout une approche plastique et expérimentale.
JUDITH LASRY
Judith façonne ses céramiques dans un geste brut, expressif, en exploitant le jeu de l’aléatoire. Sa technique favorite est le modelage à la main.
ELISE POIVET
Elise Poivet, plus connue sous le nom de la maladresse, s’est formée et reconvertie il y a environ 5 ans à la poterie. Sa rencontre avec la terre lui permet aujourd’hui d’imaginer et de concevoir des pièces utilitaires en grès et en porcelaine. La jeune créatrice souhaite que ses objets « fassent partie du quotidien » de leurs possesseurs. Elise Poivet a décidé d’intituler son atelier « la maladresse ». Un terme poétique qui reflète bien ses créations : « J’ai tendance à être parfois trop perfectionniste mais le fait de, parfois, lâcher prise et de se laisser aller, peut nous amener à des pièces très touchantes. Laisser faire la maladresse et l’accident peut permettre defaire émerger la poésie » Si Elise Poivet a choisi la terre, c’est parce que c’est une des seules matières qui permet à l’artisan d’avoir un contact direct avec elle. C’est aussi ce qui permet à la créatrice de façonner ses pièces de manière spontanée. D’ailleurs, elle a comme adage une citation de l’artiste Pierre Soulages : « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ».